Chers lectrices et lecteurs,
Il paraît que je dois parler de moi ici. Bon ! Alors ? Que puis-je dire sans barber?
Je suis née en Suisse, côté francophone. Mes parents étaient ouvriers dans une fabrique d’horlogerie, spécialité de la région, je descends en ligne droite de viticulteurs-agriculteurs neuchâtelois et d’agriculteurs-tailleurs de pierre de la région du Lac Majeur (Italiens et Suisses). Pendant mon enfance je rêvais de parcourir le monde, de parler plusieurs langues couramment en étant infirmière ou ...missionnaire !
Quand j’ai eu 14 ans, mes parents ont décidé de s’établir au Tessin dans le village de mon père, dans une vieille masure datant de 1650 tout en haut d’une vallée montagneuse, que nous avons retapée au cours des années. Au début c’était du camping dans la maison.
Mon père était Italien, d’origine, mais il ne parlait jamais cette langue à la maison. Ce qui fait que j’ai débarqué là-haut sans quasiment savoir prononcer ni comprendre un seul mot d’italien. Capito niente ? Il ne faut surtout pas capituler dans ces cas-là mais se lancer à l’eau avant « encore » de savoir nager. Plouf !
Et là commencera l’aventure qui m’a conduite sur les bancs d’une petite école de montagne, à classe unique, où l’instit ma accueillie à bras ouverts avec un défi de taille à relever : m’enseigner la langue en trois mois en commençant par le manuel de première élémentaire, puis seconde, troisième, quatrième et cinquième ….pour parvenir à affronter avec succès l’examen final d’italien!
Il faut dire que j’en ai dévoré des livres cet été-là !!! Livres que j’empruntais à gauche et à droite, n’ayant évidemment pas les moyens d’en acheter. Mon père décidait pour moi et sans que ni moi ni mes enseignants aient voix au chapitre (selon eux j’aurais facilement pu continuer mes études) en septembre de cette année-là, je me suis retrouvée catapultée dans le rôle d’apprentie d’administration dans une étude d’avocat à Locarno. C’était ça ou la fabrique.
Ce fut une période particulièrement difficile pour moi, métier imposé, nouvelle langue, aucun ami ni soutien dépaysement total !! Je recevais 150.-Frs par mois de salaire, et avec cela je devais m’acheter mes vêtements, matériel scolaire, abonnement de train et repas de midi. Heureusement qu’il y avait tout proche une cantine qui procurait un repas chaud très bon marché pour les jeunes filles dans mon cas, c’était géré par des sœurs catholiques. Merci !
Et voilà qu’une année plus tard, après une anémie sévère et des angines à répétition, alors que je commençais enfin à m’acclimater, nouveau chamboulement : mes parents reprennent une petite auberge dans une autre vallée et ils ont besoin de moi comme serveuse-employée de bureau-pianiste de bar. Je n’avais pas encore l’âge légal pour travailler le soir et ce n’était pas vraiment ce dont je rêvais. Ça n’a rien changé à la donne !
Une petite anecdote : mon père était l’aubergiste-cuistot sans aucune expérience du métier. En plus il n’entendait rien en comptabilité ni en administration. À 17 ans c’est moi qui ai repris en main les comptes, qui versait les salaires, payait les intérêts annuels à notre fournisseur-créditeur, et m’occupait de la paperasse.
J’y ai passé 10 ans pas vraiment rigolo dans cette auberge de campagne pas romantique du tout. Mais pas question de baisser les bras : ma mère (et mon père, sans jamais vouloir l’admettre) avaient besoin de moi. Alors je me défoulais en jouant de l’orgue dans plusieurs églises, catholiques et protestantes, en dirigeant la petite chorale d’église de la paroisse catholique et aussi en reprenant un petit groupe folk tessinois qui m’a offert l’occasion d’aller faire quelques concerts sur les places en été, dans les hôtels et même à Brême-D (non, pas avec les chanteurs de Brême !) et j’essayais de continuer ma formation autodidacte en prenant des cours privés de langues pendant mon temps libre (le lundi, quand c’était possible).
Pendant ces 10 années les soucis n’ont pas manqué, en famille nous allions de mal en pis, ma mère et moi tentions de maintenir le navire à flot tant bien que mal. Ma mère cuisinait ensuite nous servions ensemble les clients, et ensuite je jouais du piano pratiquement tous les soirs pour attirer la clientèle. Quand la salle se remplissait d’auditeurs, je me levais du piano pour aller les servir. Mon père était très souvent absent et quand il était là….bref il avait quelques problèmes.
En 1981 nouveau chamboulement l’auberge change de main, bien heureusement pour moi cette fois-ci, après avoir organisé la chose, considérant mon devoir accompli envers ma famille, je peux enfin chercher mon indépendance tant soupirée. En cachette de mon père qui avait promis de tout faire pour me faire virer aussitôt qu’il saurait où on voulait m’engager mais avec l’approbation de ma mère, mais sans pouvoir présenter aucun diplôme ni un seul certificat qui confirme ma formation pratique, je trouve (miraculeusement) une place comme secrétaire « sachant travailler de façon indépendante » d’un hôtel *** de Locarno où je deviendrai au bout de quelques années chef de réception-assistante de direction. 15 ans bien occupés, j’aimais mon travail, je me sentais à ma place, réalisée. Mais il fallait y aller sans ménager sa peine : de mi-mars à fin octobre c’était 6 jours par semaine, parfois même 7, et de 6hr à 21hr non-stop. Le temps passait à une vitesse folle ! En hiver j’avais le temps de souffler, mais tous les appels pour l’hôtel arrivait à mon numéro privé et il fallait boucler la saison et préparer la suivante. Comme je disais, j’aimais ça ! Pas une fois où j’aurais préféré être ailleurs. C’était stimulant, mes capacités étaient reconnues.
Hiver 1988 voilà enfin un certificat de capacité officiel au terme d’une formation théorique de trois mois, payée par mon employeur, qui me permettra de gérer un hôtel. (Oui, chez moi ça a été d’abord 18 ans de pratique puis arrivera enfin la théorie, le monde à l’envers.)
Côté sentimental, c’était vraiment très, très secondaire. Je n’avais pas le temps ni vraiment l’envie de fréquenter un garçon. Mais quelqu’un a eu la patience (10 ans) d’attendre que le Seigneur fasse miraculeusement son œuvre dans mon cœur. Et voilà que…
En 1995: je me marie. En 1996 naitra notre fils et je quitte mon emploi pour devenir heureuse mère au foyer, à 41 ans.
C’est à ce moment que débute l’écriture: après quelques petits articles (1992-94) d’évangélisation adressés aux employés de la gastronomie à partir de versets bibliques qui les rejoignent dans leur travail, en 2000 on me demande de faire des traductions bénévoles pour des œuvres missionnaires (AMI) du français à l’italien ou vice-versa, et aussi dès 2001 de l’allemand dans ces deux autres langues principalement pour la Bible-Mission (qui s’appellera ensuite Hoffnunsträger-Ost/Porteurs d’espoir/Portatori di speranza). Rien de mirobolant, mais j’aime beaucoup et, sans le savoir, ça me préparera pour la suite :
été 2008 : je suis sur une chaise-longue, d’une plage italienne, car en convalescence de deux pneumonies successives, et je lis en boucle le psaume 91 pendant que mon mari et mon fils font trempette. Après quelques jours il me faut autre chose à lire, alors je vais fouiner dans un kiosk et déniche un petit roman qui n’a mine de rien. C’était « Colazione da Starbuck » de Laura Fitzgerald. Et là, au milieu d’une histoire lambda, je tombe sur ces mots percutants : « Nous avons tous au moins un don que Dieu nous a accordé, et c’est de notre devoir devant Lui de le mettre à fruit pour le bien de l’humanité. Ceux qui nous en empêche seront aussi retenus responsables devant Dieu. » WOW !!
Ces mots me donnent envie d’écrire moi aussi quelque chose d’encourageant. Alors, par une journée neigeuse de novembre je commence par un roman d’essai ensuite je demande conseil autour de moi. Histoire de savoir si ça vaut le coup de continuer ou s’il vaut mieux pour tout le monde que je me remette à la peinture et au tricot….
Les feedbacks seront encourageants, « ça peut le faire à certaines conditions » on me dit, alors je vais continuer en essayant de corriger progressivement mes lacunes en grammaire, orthographie et vocabulaire. Étant bilingue, autodidacte, sans aucune formation littéraire j’aurai toujours grand besoin de pouvoir compter sur les lumières et la patience de plusieurs relecteurs et correcteurs, en premier lieu ma précieuse et fidèle amie Jacqueline Schwerzmann, femme de pasteur et institutrice à la retraite. Merci Jacqueline
Un grand MERCI surtout à Viviane avec toute la formidable équipe de la Maison de la Bible, sans vous rien ne se serait jamais concrétisé.
Et voilà comment naîtra Alba, La Mélodie de l’Aube, en 2009. Suivra Daphné, ensuite Le Pré aux Coccinelles, (après avoir recueilli des infos, conseils et quelques interviews sur le trafic des enfants). En 2010 ce sera le tour du Village des Racas puis celui d'Hôtel Fortuna, et ensuite voilà le printemps arabe qui explose, évènement qui m’inspirera la série La Boussole d’Aléxy.
En cours de route, mars 2014, j’irai interviewer le dr.Lucchina, prestigieux chirurgien de la main. De cet interview naîtra une magnifique et tout à fait inespérée collaboration de neuf mois qui donnera naissance à « Entre ses mains ». Merci Stefano !
En outre, à cette période l’association « Entrepreneurs Chrétiens » dont j’étais coordinatrice pour la Suisse-italienne et membre du comité central, me demandera de pouvoir publier des interviews, témoignages et mes propres articles sur la revue « www.christian-leaders.net » en italien et en français. Là aussi j’aurai le merveilleux privilège de bénéficier de l’aide d’amies formidables pour relire et corriger les textes (cette fois j’aurai grand besoin d’aide pour l’italien) et pour illustrer chaque article avec de belles photographies personnalisées. Merci Lidia pour les photos et les relectures des articles avec Raffaele C., Ilenia V. et Cecilia M.
En 2017, lors de la sortie d’Entre ses mains, une amie me propose d’écrire un nouveau roman qui parlerait des malades d’Alzheimer d’une façon un peu différente que dans les revues de médecine, plus « grand public ». Je me déclare d’accord mais avoue ne rien savoir de plus que ce qu’on entend dire de cette maladie dans la rue : une saleté qui tue les souvenirs des personnes.
Joséphine va alors s’occuper de ma formation. En deux ans j’apprends plein de choses, et je me passionne pour ce thème: journée de stage dans un centre Alzheimer, vidéos, livres, conférences….. Toujours assistée par Joséphine, je me lance ensuite dans l’écriture de « Comme des étoiles » avec aussi un plongeon dans le monde de la spéculation immobilière, des rancunes et combines, et des souvenirs qui reviennent sans cesse, en empêchant de vivre le présent, alors que pour d’autres les souvenirs s’en vont irrémédiablement, en les empêchant elles aussi de vivre le présent. Une réflexion qui en vaut la peine, je trouve. Vous me direz ce que vous en pensez ? « Comme des étoiles » va sortir de presse en 2021.
2017 nouveau défi, de taille : cette fois-ci je suis appelée à recueillir le témoignage d’une chrétienne au parcours semé d’embûche, de ceux qui te font apprécier ce que tu as, et reçu de la vie, sans plus te plaindre de ton sort. De là naîtra une belle collaboration qui donnera « Les racines de la colère » sorti de presse en octobre 2020, retardé mais pas annulé par le Covid19.
… en ce moment, je travaille sur un autre roman tout en suivant l’actualité et la géopolitique mondiale : Chine, USA, Russie et Ukraine. Sur fond de pandémie.
N’hésitez pas à me faire part de vos impressions!
Très cordialement vôtre
Franca Henriette Coray